Gugliemo Petroni
Le monde est une prison
Le monde est une prison
Impossible de vérifier la possibilité d'une remise en main propre
Publier aujourd’hui ce livre de Guglielmo Petroni en français n’est que réparer une longue injustice : il fait partie des quelques œuvres majeures qui, dès l’immédiat après-guerre, illustrèrent la Résistance italienne au fascisme et à l’envahisseur allemand, ainsi que la douleur du peuple italien de se voir traité en ennemi par ses « libérateurs » anglo-saxons.
On l’aura compris, bien que l’auteur y relate les terribles semaines passées dans les geôles nazi-fascistes alors que les troupes alliées perçaient le front d’Anzio, on ne trouvera dans Le Monde est une prison ni un hymne à la Résistance telle que son mythe commence à la constituer, ni une description univoque de cette période complexe qui mérite une attention beaucoup plus lucide et scrupuleuse, plus humaine aussi, comme l’est le regard de Petroni.
La tyrannie n’est pas une fatalité tombée du ciel ou montée des enfers, elle est la conjonction, la somme des lâchetés, des paresses, des indifférences, des violences, des convoitises, des ambitions et des victoires mesquines dont chaque homme doit faire quotidiennement le compte en lui-même : telle est la leçon urgente que l’on retient de ce livre bouleversant.
Guglielmo Petroni (1911-1993) est d’une origine très modeste. Il commence à travailler dans la cordonnerie de son père à l’âge de 11 ans ; sa formation est celle d’un parfait autodidacte : il la racontera dans Il nome delle parole (1984). Il découvre la peinture par hasard, et se destine à cette carrière, tout en publiant ses premiers recueils de poèmes (il en publiera cinq, de 1935 à 1987). En 1938, il fait paraître un volume de brefs récits, Personnaggi d’elezione, remarqué par Malaparte, qui l’invite à quitter Florence et à s’installer à Rome, où il lui offre de diriger la rédaction de Prospettive. Puis vient la guerre. Il prend une part active dans la Résistance. Arrêté au printemps 1944 et livré aux SS, il est emprisonné dans le sinistre immeuble de via Tasso, où il est torturé et condamné à mort, puis transféré dans la prison de Regina Coeli. Il sera sauvé par l’arrivée des Alliés et le désordre où la ville est plongée. Le monde est une prison relate cette expérience, avec le singulier détachement d’un moraliste soucieux de ne pas trop dire pour laisser parler ce « moins » implacable qui signifie admirablement la dévastation des âmes plus encore que des choses. Geno Pampaloni écrira du Monde est une prison dans son Histoire de la littérature italienne : « Aucun des nombreux livres de ce genre nés de l’expérience de la guerre n’est parvenu comme celui-ci à rendre avec autant de sobre intensité tout ce qui fait ressembler l’abjection de la tyrannie à une tragédie humaine. » C’est moins la catastrophe de la guerre et du fascisme qui est ici dénoncée que l’avilissement des esprits pesés au trébuchet d’une écriture ciselée. Après la guerre, Petroni est critique littéraire et artistique dans différents journaux et périodiques, et travaillera à la RAI où il produira et animera des émissions culturelles. Le monde est une prison est le premier livre de Petroni traduit en français.
Traduit de l’italien par Jean Chavot. Préface de Goffredo Fofi.
Informations techniques
Informations techniques
Un volume de 192 pages, de format 13,3 x 20 cm, imprimé sur Arena Natural Smooth 100 g par les Grafiche Veneziane.
Collection
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Lettres d'Italie
Date de parution
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ISBN
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9791097497750



