À propos de Conférence

En 1995, quand la revue Conférence fut fondée, de grands aînés, artistes et écrivains, en encouragèrent le projet et lui confièrent souvent leurs pages et leurs images : Julien Gracq, Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Nicolas Bouvier, Jean Starobinski, Maurice Chappaz, Gérard de Palézieux, Miklos Bokor…

Quel était ce projet ? En somme, donner corps à un titre emprunté à Montaigne : « Le plus fructueux et naturel exercice de notre esprit, c'est à mon gré la conférence… La cause de la vérité devrait être la cause commune. » Une revue, donc une parole publique, est d'abord une conversation discrète et patiente avec le présent qui nous entoure et l'étagement, la profondeur dont il procède.

Ces grands aînés avaient été séduits par une réflexion soucieuse de la variété des plans sur lesquels s'exerce la pensée : chaque numéro associait un vaste choix poétique et littéraire, tant français qu'étranger, des essais politiques, philosophiques ou scientifiques, des inédits du XXe siècle, des images d'artistes attentifs, des traductions, des auteurs de vingt ans ou de quatre-vingt-dix, de parfaits inconnus ou des médailles Fields, allant chercher dans des textes de toute époque et de toutes langues ce que Charles Du Bos appelait « le murmure de notre identité ».

En 2008, une rencontre donna naissance aux Éditions Conférence. Le « programme » en était simple, et le demeure : aimer les métiers véritables, ne pas enlaidir le monde, avoir conscience de ce que l'on fait, ne rien introduire dans l'espace public qui ne soit pensé avec rigueur et profondément aimé, et dont on ne puisse répondre en totalité. C'est ainsi seulement, disait René Char, que « vous serez une part de la saveur du fruit ».